Compter les Français d'hier.
Approche démographique de la Brière à la fin de l'Ancien Régime.
Dans la France du XVIIIe siècle, les hommes constituent encore le socle exclusif ou presque de la force productrice et c'est de leur accumulation que naît logiquement la richesse d'un Etat. L'analyse du mouvement de la population était ainsi l'un des rares indicateurs disponibles pour apprécier l'évolution globale et surtout les aléas de la conjoncture économique. La parcellisation absolue de l'appareil de production enlevait en effet beaucoup de pertinence aux autres outils statistiques, pour peu que ces derniers aient existé même du seul point de vue conceptuel. Derrière la perception de cette réalité se cachait ainsi un enjeu politique majeur. Dans cette économie de subsistance, un peuple prospère est un peuple qui croît et l'essor de la population était généralement assimilé à la marque d'une bonne administration, sinon l'une de ses métaphores favorites.
Ainsi, en dépit de l'absence de structures administratives adaptées, comme de données exhaustives, l'idée d'organiser un recensement à l'échelle du royaume a très vite germé dans l'esprit des administrateurs français. Toutefois, les services centraux de la monarchie pouvaient difficilement envisager la collecte de données démographiques à l'échelle du royaume. Aussi, c'est à partir d'autres sources documentaires que furent envisagées des procédés basiques de modélisation à partir desquelles il est possible aujourd'hui de reconstituer le mouvement naturel et des états ponctuels de la population française.